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Que peut-on attendre de la COP15 pour la biodiversité ?

Rédigé par La rédaction du C3D, le 23 mai 2022

Si 2021 était annoncée comme l’année de la biodiversité, c’est finalement 2022 qui devrait voir la COP15 biodiversité se dérouler. Ce sujet est central, d’autant plus en sortie de pandémie, car il est urgent de repenser notre rapport à la nature. Et pour cause, selon le rapport de l’IPBES en 2019, 25 % des espèces évaluées, animaux et végétaux confondus, seraient menacées d’extinction, soit près d’1 million d’espèces. Il y a donc beaucoup à faire. Mais que peut-on réellement attendre de la prochaine COP15 pour la biodiversité ?

Des premiers signes peu encourageants pour la COP15 Biodiversité

Si l’urgence de la prise en compte de l’érosion de la biodiversité est martelée par les experts, et comprise par de nombreux citoyens, peut-on pour autant s’attendre à une COP15 aboutissant à de nombreuses décisions clés pour l’avenir de la biodiversité ? Il semblerait à première vue que les planètes ne sont pour l’instant pas alignées. 

Moins connue que les conférences sur le climat et la biodiversité, la COP 15 désertification, qui s’est tenue à Abidjan (Côte d’Ivoire) fin mai, reposait sur la lutte contre la dégradation des sols et la sécheresse, des fléaux qui affectent déjà la moitié de la population du globe. Malheureusement, nombreux sont les acteurs qui dénoncent le manque d’engagements à l’issue de cette rencontre. Aucune décision politique majeure n’aurait ainsi été prise, alors même que la désertification est l’une des menaces les plus insidieuses et les plus négligées pour les systèmes alimentaires durables et que l’on parle aujourd’hui de la crise ukrainienne pouvant 46 millions de personnes supplémentaires à une grave insécurité alimentaire. Un premier mauvais signe envoyé pour la future COP15 Biodiversité.

Autre symbole fort : après plus de deux ans de travail à distance permettant l’échange des points de vue, une première session préparatoire s’est tenue à Genève (Suisse) fin mars afin de contribuer aux futures discussions de la COP15 Biodiversité, mais également pour s’accorder sur une trajectoire commune. Réunissant 150 pays, cette étape majeure sur la route de la COP15 aurait dû aboutir à un projet de texte pouvant être négocié puis adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement pour mettre fin à la destruction du vivant, mais n’a finalement pas été concluante.

Protéger 30 % de la planète : un objectif phare de la COP15 Biodiversité

De fortes attentes reposent sur la COP15 Biodiversité. Parmi elles, la protection d’au moins 30 % des surfaces terrestres et 30 % des surfaces marines, dont 10 % en protection stricte à l’échelle de la planète, d’ici 2030. L’objectif “30×30” proposée dans le premier jet proposé par la Convention cadre sur la Diversité biologique publié cet été n’est malheureusement que vaguement mentionné dans la déclaration de Kunming suite à la première phase de la COP15 biodiversité en octobre. La Chine, présidente de la COP15, n’a par exemple pas affiché son soutien à cette ambition.

Il s’agirait pourtant d’un engagement politique majeur, surtout s’il repose sur des actions directes sur les causes de l’érosion de la biodiversité : pollution, urbanisation, pesticides…

Encore de l’espoir pour la lutte pour la biodiversité

Si plusieurs blocages potentiels à identifier et contourner ou résoudre avant le sommet qui se tiendra à Kunming, notamment autour des sujets du financement de la protection des espaces et de la fracture entre les pays développés et ceux en développement, il reste malgré tout de l’espoir pour la biodiversité. 

Cette COP15 pour la biodiversité sera par exemple l’occasion d’inciter une fois de plus les gouvernements à respecter leurs engagements en matière de biodiversité en soulignant l’importance de développer des instruments de contrôle et de transparence, des mécanismes à développer à cette occasion. 

La première partie de ce sommet a d’ailleurs permis d’acter la création d’un fonds de 230 millions d’euros, actée par la Chine, pour accompagner les pays en développement. L’Union européenne a de son côté annoncé doubler ses financements extérieurs pour la biodiversité pour aider ces mêmes pays.

C’est également au sein des entreprises que la lutte contre l’érosion de la biodiversité doit se jouer, en parallèle de ces sommets et des mesures politiques. Restez informés sur ce sujet phare en suivant les comptes des influenceurs “Biodiversité”.