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Tiers-lieux et espaces de coworking, tour d’horizon de 4 offres (Partie 3 : BeeoTop)

Rédigé par La rédaction du C3D, le 8 mars 2017

3ème volet de notre tour d’horizon de quatre tiers-lieux existants, découvrons BeeoTop de Generali.

En s’engageant dans la création du BeeoTop, tiers-lieu de 6 500 m² situé porte de Clichy, le groupe Generali voulait prioritairement proposer cet espace aux acteurs de la solidarité et du développement durable. C’était une façon de poursuivre autrement toutes les actions menées par l’assureur italien pour des causes sociétales (voir le portail dédié Générations Responsables).

Sur la genèse du projet, Frédérique Maléfant, Déléguée générale du BeeoTop raconte : « Au départ de l’aventure, nous avions un bâtiment de 6 étages, dédié au locatif tertiaire, qui était assez difficile à louer et inoccupé depuis des années. Et dans le même temps, il commençait à se créer dans le monde des tiers-lieux, timidement, avant que le concept se diffuse et explose littéralement. Pour rappel, on ne comptait en 2005 qu’une trentaine de tiers-lieux dans le monde. Fin 2015, on en comptabilisait déjà plus de 7 800. A l’époque de nos premières réflexions, c’était aussi le moment où Generali développait sa stratégie RSE et promouvait son engagement sociétal. C’est ainsi qu’a germée cette idée de proposer un lieu à des associations, entreprises et organisations défendant des causes d’intérêt général. L’un des arguments mis en avant pour convaincre les décideurs était que ce tiers-lieu constituerait une sorte de compensation par rapport à notre empreinte carbone, et plutôt que de replanter des arbres, nous agirions en facilitant le travail d’acteurs œuvrant pour le développement durable ou la lutte contre le changement climatique. »

Le Beeotop : un soutien plus engagé et plus concret que simplement distribuer des financements

Créer un tiers-lieu est une autre forme de philanthropie, un soutien plus engagé et plus concret qu’en attribuant des financements. L’envie était de créer un lieu d’échanges et de fertilisation croisée entre tous ces acteurs entre eux mais aussi entre eux et le groupe Generali. Et pour faciliter l’installation de ces acteurs, Generali a fait des choix : pas de dépôt de garantie, un bail de location de courte durée, des tarifs préférentiels pour les associations…

Après beaucoup de travaux, le BeeoTop a ouvert ses portes en mars 2014 en accueillant à son ouverture 16 associations et entreprises (88% de la surface de l’immeuble). A sa date de lancement, le BeeoTop était d’ailleurs l’un des plus grands espaces de ce genre en Europe. Parmi les premières structures accueillies, des ONG (Action contre La Faim et Plan France), des associations (l’Agence du Don en Nature, PikPik environnement) et des entreprises dont la vocation relève de la RSE, comme Bill’iz qui s’occupe d’économie circulaire des équipements électriques et électroniques. Plus tard, d’autres organisations ont rejoint le BeeoTop comme le Global Compact France. C’est cette diversité d’acteurs qui fait l’intérêt et la richesse du BeeoTop.

Tout est fait pour favoriser la « pollinisation des idées » entre habitants

En 2014, ce lieu était le 1er immeuble institutionnel dédié à l’économie sociale et solidaire et au développement durable en France. Le projet a par ailleurs reçu un soutien des pouvoirs publics. L’espace de coworking du BeeoTop a été sélectionné par la région Ile-de-France pour recevoir l’une des subventions destinées à soutenir la création d’espaces de travail partagés et tiers-lieux dont la région souhaitait encourager le développement, notamment pour favoriser le travail à distance afin de contribuer à désengorger les transports. Sur les six étages du bâtiment, le BeeoTop propose des espaces de coworking, des bureaux et salles de réunions, des espaces de restauration, des espaces de convivialité, une imprimante 3D et différents services mutualisés. L’espace événementiel, ouvert aux extérieurs, permet d’organiser des manifestations, des conférences, des expositions. Le président François Hollande y est d’ailleurs intervenu à l’occasion de sa visite de l’Agence du Don en Nature. Des animations sont régulièrement proposées aux résidents pour faciliter leurs échanges : petits déjeuners de présentation, repas communs et festifs, Repar’Lab (ateliers de réparation collaboratifs).

Au BeeoTop, tout est fait pour favoriser la « pollinisation des idées » entre habitants. Et en effet, les habitants du BeeoTop ne se contentent pas de partager des locaux et la machine à café. En créant ce lieu dédié aux acteurs de la solidarité et du développement durable, Generali entendait promouvoir une nouvelle façon de vivre au travail et valorise les comportements responsables. De fait, les engagements partagés des résidents dans le développement durable, l’humanitaire et des causes sociétales constituent un terreau commun.

La volonté d’apporter aux territoires d’implantation des externalités positives

Eric Lombard, Directeur Général de Generali France, explique que Generali voit ce lieu comme une façon pour l’entreprise de démontrer sa volonté d’engagement citoyen dans les territoires : « Nous opérons dans 60 pays à l’échelle mondiale et nous avons la volonté de ne pas seulement y développer notre activité mais aussi d’apporter à ces marchés des “externalités positives”. Notre vocation d’assureurs est de mutualiser les risques mais nous voulons aussi mutualiser des bonnes initiatives et promouvoir l’exemplarité face à des risques désormais plus complexes ».

Deux ans et demi après son inauguration, le BeeoTop est un succès, puisque la quasi-totalité des postes de travail sont loués et il y a même une liste d’attente pour les nombreux candidats qui souhaitent rejoindre la dynamique.

François Garreau, Responsable de la Mission RSE auprès de la Direction générale de Generali France, revient sur l’aventure BeeoTop : « A l’origine du BeooTop, il s’agissait d’inventer pour Generali une compensation carbone qui puisse produire des effets et ne soit pas qu’une simple opération financière. Nous avons donc travaillé sur un principe de transfert responsable, c’est-à-dire mobiliser des actifs de manière intelligente pour aider des acteurs qui œuvrent dans le domaine environnemental ou social. Nous avons eu la chance d’avoir une direction générale éclairée qui a complètement joué le jeu et accepté d’affecter l’immeuble de la porte de Clichy à cette expérimentation de « compensation intelligente ». Nous avions l’idée de départ (créer un tiers-lieu) et nous avions le bâtiment, restait à inventer tout le reste ».

Les personnes ont compris que la démarche de Generali était sincère

En mélangeant ces publics, le BeeoTop voulait susciter de la « fertilisation d’acteurs » en pariant que les uns et les autres pourraient s’apporter réciproquement beaucoup d’idées, de savoir-faire, de pistes nouvelles.

François Garreau ajoute : « Le pari n’était pas forcément gagné d’avance car c’était assez audacieux et nous avions une très grande surface à occuper. Et pourtant, le BeeoTop s’est très vite rempli, parce que les personnes et organisations candidates à l’installation ont compris que la démarche de Generali était sincère et n’avait rien à voir avec du greenwashing. De notre côté, nous voulions que la vision d’engagement sociétal de Generali puisse s’incarner dans un lieu physique, un lieu qui serait propice aux échanges réciproques, un peu à l’image de la Ruche qui nous a beaucoup inspiré. Très vite, après quelques mois de fonctionnement, l’on a constaté que cela marchait et que la fertilisation croisée espérée opérait, avec des collaborations inattendues et même des transferts de personnes allant d’un univers professionnel à l’autre. Autre grande satisfaction, sur l’ensemble des entrepreneurs et organisations accueillies, nous avons eu très peu de défaillances. Les structures qui résident au BeeoTop sont plutôt robustes, avec de bons modèles économiques, ce qui permet un investissement collectif dans la durée et des coopérations stables. Ce qui a fait, je crois, le succès du BeeoTop, c’est que le lieu a réellement été co-construit, avec l’implication forte de Generali mais évidemment tous les utilisateurs des différents espaces, qui presque tous ont apporté quelque chose et contribué à consolider l’écosystème ».

Pour Generali, le BeeoTop constitue une formidable plateforme d’observation

Pour François Garreau, après bientôt trois ans de fonctionnement, le bilan du BeeoTop est plus que positif, et ce sur différents plans : « Pour un assureur comme Generali, le BeeoTop constitue aussi une formidable plateforme d’observation d’un monde qui change, avec l’émergence de nouvelles activités qui bouleversent les schémas traditionnels et autour de nouveaux modèles économiques comme le collaboratif ou l’économie circulaire. Le foisonnement que j’observe au BeeoTop est riche d’enseignement et permet de détecter des évolutions sociétales en cours et les nouvelles tendances business qui se profilent. Aujourd’hui, même si les tiers-lieux et les espaces de coworking explosent en France et notamment en région parisienne, le BeeoTop cultive encore sa différence, sa spécificité, puisqu’il est l’un le seul tiers-lieu de cette dimension en Europe ».

Avec 100 % d’occupation du bâtiment, le BeeoTop est désormais confiant et continuera sereinement son aventure. Il représente un terreau excessivement fertile et beaucoup de projets et de bonnes idées en surgiront encore demain. 

Retrouvez les 2 premières parties de ce tour d’horizon avec Nextdoor et Sensespace. Puis prochainement, ne ratez pas la mise en ligne de la dernière partie de notre tour d’horizon avec l’offre Blue Office de Nexity.