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Reporting extra financier : 5 questions à Vanessa AZAR, Group Head of CSR chez Europcar Mobility Group

Rédigé par La rédaction du C3D, le 25 octobre 2021

Le reporting extra-financier consiste pour une entreprise à communiquer sur les implications sociales, environnementales, sociétales de ses activités ainsi que sur son mode de gouvernance. Il constitue un fondement important de la politique de responsabilité sociétale des entreprises vis-à-vis de ses parties prenantes. Au-delà de la mise en conformité, il présente également des aspects stratégiques et de transparence pour une entreprise. 

Suite au Groupe de travail C3D du 6 octobre “Rapports Extra-financiers : Enseignements 2021 et tendance de communication pour 2022“, on constate une tendance croissante de montrer la performance extra-financière de l’entreprise dans une optique de création et de partage de valeur. Une grille de lecture des actions par rapport aux ODD devient une pratique de plus en plus courante, ainsi que des analyses de risques et des matrices de matérialité de plus en plus reliées. A noter pour finir que la frontière entre données financières et extra financières est de plus en plus poreuse, les deux étant scrutées attentivement et interconnectées.

Nous donnons aujourd’hui la parole à Vanessa Azar, membre du C3D, pour son retour d’expérience sur la stratégie de reporting. Group Head of CSR de Europcar Mobility Group depuis 2019, elle déploie et met en œuvre la stratégie RSE du Groupe, le lien aux parties prenantes et la compliance. 

Au-delà de la pure conformité, quels sont les objectifs du rapport extra financier de Europcar Mobility Group ?

Vanessa Azar : La conformité est un levier, et le reporting est utilisé comme un outil de pilotage de notre performance RSE, un bilan annuel reposant sur nos indicateurs clés. Cela nous place dans une démarche de progrès.

La communication est un objectif, pour nos cibles externes et internes. Une campagne de reporting est un moyen de sensibiliser, de rappeler les priorités et objectifs du Groupe. C’est un outil de communication et d’affichage, car il permet de démontrer nos actions de solution vers un monde bas carbone. 

Le reporting permet de véhiculer nos valeurs et priorités, nos actions sur les 4 axes de notre programme RSE “Commit Together” et de montrer les progrès réalisés.

Vous êtes soumis à la DPEF et produisez un Document d’Enregistrement Universel.  Quelles sont vos bonnes pratiques et quelles informations sont prioritaires dans ce rapport ?

Produire un reporting est un travail de plusieurs mois qui engage une centaine de collaborateurs, nous avons des correspondants RSE dédiés au reporting dans chaque filiale du Groupe. Cela demande une grande implication, c’est un exercice très structurant, la campagne dure environ 4  mois.

Une bonne pratique pour notre Groupe est d’avoir une campagne de reporting quantitative et qualitative automatisée. Nous sommes dotés d’un logiciel de reporting qui permet de collecter toutes les données au niveau des filiales et de consolider les informations au niveau du Groupe. Notre bilan carbone est également entièrement  automatisé.

Dans notre rapport nous valorisons notre contribution aux ODD via un dashboard. Nous relions donc nos initiatives RSE aux ODD, qui sont pour nous une donnée de sortie, et non d’entrée. Nous sommes membre du Global Compact France depuis 2005, et membre Advanced depuis 2020, ce qui nous prouve une certaine forme de maturité de notre démarche RSE. Nous publions annuellement une COP dans notre espace dédié sur leur site internet.

La DPEF est un exercice normé mais chaque année nous apportons des améliorations pour rendre cette communication d’autant plus limpide. Par exemple, en 2019, nous avons ajouté un dashboard de notre performance RSE avec les risques et opportunités comme point d’entrée  suivi d’une initiative RSE pour maîtriser le risque ou saisir l’opportunité en question ainsi que d’un indicateur clé de performance sur deux années consécutives. Aussi, en 2020, nous avons schématisé notre modèle de création de valeur partagée incluant l’ensemble de nos parties prenantes. Le but est que l’information soit de plus en plus fluide et synthétique et lisible !

Quels perspectives et enjeux pour le reporting d’Europcar Mobility Group dans les années à venir ?

En 2019 le Groupe a rejoint l’Initiative Science-Based Targets, nous sommes en train de valider nos objectifs de réduction à horizon 2030, d’où l’importance et l’enjeu du reporting pour piloter les 7 leviers d’action de notre plan de réduction carbone ! Notre scope 3 étant majoritairement constitué des émissions liées à l’utilisation de nos voitures par nos clients, notre axe principal porte sur l’évolution de notre flotte pour accroître la part de véhicules électriques et hybrides rechargeables.

En septembre dernier,  une étape clé a été franchie avec la sortie de notre émission obligataire « Sustainability-linked ». Elle fixe un jalon à horizon 2024 avec 2 objectifs : l’un portant sur le grammage moyen par kilomètres de notre flotte, allant au-delà de la réglementation, et l’autre sur la proportion de véhicules verts dans notre flotte au sens de la taxonomie européenne (hybride rechargeable et électrique). Un engagement très structurant avec un enjeu financier qui nécessite encore une fois un pilotage méticuleux pour en garantir son succès.

Autre enjeu : la taxonomie européenne qui se traduit par le chiffrage de nos activités durables et son intégration dans notre communication financière. 

Comment restez-vous en veille des nouvelles conformités, réformes, bonnes pratiques ?

La RSE est le domaine dynamique par excellence qui nécessite d’être constamment en veille et d’être extrêmement bien connecté. Pour cela, nous faisons partie de plusieurs clubs et associations : le C3D, mais aussi le club Global Compact Advanced et les Entreprises pour la Cité, qui offrent de nombreux chantiers de réflexion, réunions et de mises en relations sur diverses thématiques RSE. 

Cela passe également par des abonnements à des newsletters spécifiques, des webinaires et divers groupes de travail et événements.

En 2017, votre Groupe a lancé une démarche RSE structurée autour de la mobilité inclusive.  Quel bilan en tirez-vous 4 ans après ?

Nous sommes convaincus que la mobilité est un levier pour l’inclusion sociale et dans ce cadre, l’accès à la mobilité est clé. C’est pourquoi nous proposons une gamme d’offres variées, destinées à couvrir tous les besoins des clients, quel que soit leur budget, visant à rendre la mobilité accessible au plus grand nombre. Les efforts déployés par le Groupe en termes d’accès à la mobilité visent plus particulièrement à adresser les besoins des personnes à mobilité réduite, les personnes en situation d’emploi précaire et les jeunes issus de milieux défavorisés. Cette démarche a été soutenue par une logique partenariale nous permettant d’aller au-delà des services proposés et de s’en inspirer.

Notre retour d’expérience nous fait dire que la mobilité inclusive est un sujet sur lequel les réponses sont avant tout locales. Pour optimiser l’impact de notre action, il faut collecter les besoins locaux permettant ainsi de croiser ces besoins avec le tissu associatif existant. Ce sont nos pays d’implantation qui sont les mieux placés pour orchestrer ces initiatives de mobilité inclusive. Par exemple, notre filiale en Espagne facilite l’accès au permis de conduire pour des jeunes défavorisés, et la France a une action en cours auprès d’une association qui se propose d’aider les femmes victimes de violences conjugales, etc…. 

Cependant, la crise du Covid nous a permis d’autant plus prendre conscience du service essentiel qu’est la mobilité. Dans ce cadre, nous avons mis en place un programme qui s’appelait “Together” et qui consistait à faciliter la mobilité des personnels en première ligne dans la lutte contre la pandémie (personnels soignants par exemple). C’est une action que nous avons pu conduire dans plusieurs pays du Groupe car tout le monde était concerné par la pandémie.

Au-delà de ces initiatives solidaires, nous veillons à ce que nos offres soient accessibles au plus grand nombre, avec des offres low-cost, des promotions, etc…

Le groupe de travail “Politiques RSE et Reporting” a pour objectif de faire le point sur les dernières tendances marché de manière à ce que les Directeurs RSE puissent les intégrer dans leur stratégie RSE. C’est également un moyen pour les participants de faire le point sur l’évolution des reportings réglementaires, des outils RSE ou bien des KPIs à intégrer à destination des différentes parties-prenantes comme les investisseurs ou les agences de notation. 

Les Groupes de Travail sont ouverts aux adhérents et à leurs collaborateurs. Rejoignez-nous !