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Portrait de Sandra BEN JILANI, Responsable de la RSE au sein de La Française des Jeux et membre du C3D

Rédigé par La rédaction du C3D, le 29 janvier 2024

Sandra BEN JILANI, Responsable RSE au sein de La Française des Jeux et membre du C3D, nous parle de son parcours et de l’engagement significatif du groupe FDJ sur la protection de la biodiversité.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai d’abord exercé une dizaine d’années en cabinet de conseil et agence sur des problématiques d’engagement d’entreprise et de communication corporate. J’ai donc très tôt travaillé sur des notions qui mêlent responsabilité d’entreprise, intégration des enjeux de société et transformation des activités. Les prémices de la RSE… Puis, j’ai passé une dizaine d’années dans l’agroalimentaire (Heineken, Mars…) pour ensuite rejoindre, il y a plus de 2 ans La Française des Jeux. Toutes, sont des entreprises fortement engagées en termes de responsabilités sociétales et environnementales.

Au long de mon parcours, j’ai travaillé sur des aspects très complémentaires de la RSE, qui sont le reflet de l’évolution de ce métier.  A mes débuts, une RSE plutôt réputationnelle : comment valoriser les actions responsables de l’entreprise ? Puis une seconde étape avec une RSE plus opérationnelle : comment travailler avec les métiers de l’entreprise pour une meilleure intégration des enjeux de société et environnementaux sur l’ensemble de la chaine de valeur ? Et maintenant une RSE qui s’inscrit davantage dans celui de la performance (extra financière) de l’entreprise : comment toutes ces actions RSE deviennent un véritable levier de transition, de croissance et de transformation des entreprises ?

Quel est votre rôle et vos missions quotidiennes dans l’entreprise ?

Ma mission première consiste à coordonner les sujets d’engagement RSE avec les différents métiers, ce sur 6 piliers : le jeu responsable, l’environnement, la solidarité, la création de valeur dans les territoires, la diversité & l’inclusion et l’éthique des affaires. Ensuite, j’ai en charge le reporting extra financier avec aujourd’hui la production de la DPEF, demain de la CSRD. Cela comprend également la relation avec les investisseurs et les agences de notation sur le volet ESG. Enfin, le pilotage de la stratégie environnementale du groupe avec deux axes de travail complémentaires : la réduction de nos émissions carbone sur l’ensemble de notre chaine de valeur, et la contribution positive à la protection de la biodiversité.

Qu’est-ce qui a provoqué votre déclic climatique / RSE ?

Il y a une quinzaine d’année, j’ai eu comme client une filière de production agricole française, avec de fortes problématiques sociales et environnementales. J’ai eu l’occasion d’accompagner la filière sur un plan de transformation durable des pratiques de production. C’était assez précurseur pour l’époque ! J’ai réalisé à quel point la prise en compte du volet environnemental pouvait être à la fois une contrainte et une formidable opportunité de transformation ! A partir de là, j’ai compris que je ne ferai plus mon métier de la même façon… Cela a vraiment donné un sens à ma vie professionnelle.

Comment s’articule la démarche biodiversité à la FDJ ?

Le groupe a été l’une des premières loteries au monde à imprimer 100% de ses supports de jeux sur du papier issu de sources responsables certifiées FSC®, dès 2012. Un engagement que nous avons maintenu dans le temps.

En parallèle de nos objectifs de réduction de notre empreinte carbone, nous avons travaillé à la mesure de notre impact sur la biodiversité dès 2020. Ce qui nous a permis de clairement identifier que notre impact portait essentiellement sur l’approvisionnement et la production de bois. C’est à partir de là que nous nous sommes engagées de manière assez instinctive sur des actions de préservation de la biodiversité forestière, qui constitue aujourd’hui notre 2ème pilier d’engagement environnemental, au côté de notre engagement de réduction de l’impact carbone. Ce sont pour nous les deux faces d’une même pièce et notre approche est de développer des actions qui soient complémentaires sur ces deux aspects.

Parmi les actions significatives que nous menons, il y a par exemple les projets PSE (Paiement pour Service Écosystémique) que nous développons avec Sylvamo Forêts Services qui consiste à accompagner des propriétaires forestiers, pour conserver ou restaurer une partie des hectares de forêt et leurs habitats. Une action qui, par son approche innovante, nous a permis de développer une certaine culture de la contribution positive à la biodiversité et de mieux comprendre les besoins des forêts françaises. Ce sont aujourd’hui 110 hectares en France qui sont préservées via ces PSE.

Enfin il y a deux ans, nous avons retravaillé notre stratégie environnementale avec des objectifs plus ambitieux sur la biodiversité avec quatre champs d’action :

  • La diminution de l’impact de nos jeux sur la biodiversité.
  • La protection des forêts en préservant autant d’hectares qu’on en sollicite.
  • La sensibilisation du plus grand nombre, nos clients et les citoyens à la protection de la biodiversité.
  • Le partage de bonnes pratiques pour inspirer notre secteur.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la sensibilisation du grand public aux enjeux de biodiversité, et notamment sur votre toute dernière initiative « Mission Nature » ?

La sensibilisation du grand public à la biodiversité passe pour nous par une culture forte de mécénat. Avec notamment le soutien du fonds Nature Impact du WWF France pour protéger des forêts en France à la biodiversité remarquable ; ou encore le fonds ONF – Agir pour la Forêt, géré par l’Office national des forêts, afin de contribuer à la restauration des forêts détruites par les incendies qui ont touché la France à l’été 2022.

Mais cela nous paraissait important de nous appuyer aussi sur notre savoir-faire métier pour agir à notre échelle sur cette thématique qui nous tient à cœur. Le jeu constitue un formidable outil de sensibilisation. Aussi, à l’image de ce que l’on faisait avec le jeu « Mission Patrimoine », et partant du principe que la biodiversité c’est aussi un patrimoine naturel que l’on doit préserver et restaurer, nous avons lancé en octobre dernier un nouveau jeu de grattage « Mission Nature ». Une initiative lancée en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB), qui permet de reverser une partie du prix du ticket, 43 centimes, vers des projets de sauvegarde de la biodiversité. Cela représente plus de 6 millions d’euros collectés depuis le lancement. Mais au-delà du flux financer non négligeable que cela génère, l’objectif c’est aussi et surtout la sensibilisation du grand public. L’idée c’est de se servir des mécaniques de jeu pour créer de la compréhension, de la connaissance sur ces projets de restauration écologique et de les impliquer de manière simple. Évidemment, les tickets à gratter Mission Nature, comme l’ensemble de nos tickets à gratter, sont recyclables et nous sensibilisons le joueur à l’acte de tri à chaque fois que cela est possible, en complément de nos actions de lutte contre les déchets abandonnés.

Si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?

J’espère qu’il n’est plus nécessaire de l’y inciter ! Mais si cela devait se présenter, je dirais que la RSE est une dimension structurante de l’entreprise. Pour un entrepreneur ou un dirigeant quel qu’il soit, ce serait une erreur de l’occulter ou de ne pas l’intégrer. Il s’agit d’enjeux réputationnels, stratégiques, de durabilité de l’entreprise… ça ne peut que renouveler l’entreprise et lui permettre d’être en phase avec l’époque dans laquelle elle vit, mais aussi et surtout avec les attentes de toutes ses parties prenantes.

Que vous apporte le C3D ? Pourquoi avoir rejoint la communauté ?

En tant que membre du C3D depuis plus de 8 ans, je trouve que cette communauté est formidable, tant sur le plan professionnel (veille, partage de pratiques, montée en compétences, co-construction…) que sur le plan personnel (échanges avec des pairs, contact avec mon réseau…). Je me fais d’ailleurs régulièrement l’ambassadrice du C3D, y compris dans mon entreprise. En effet, 2 400 collaborateurs de la Française des Jeux (soit plus de 90%) ont suivi l’ensemble des modules du MOOC “Comprendre la crise écologique pour réinventer l’entreprise” du C3D ces 6 derniers mois ! Mon petit secret : l’avoir intégré aux critères d’intéressement de l’entreprise….