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Ces nouveaux modèles qui bousculent l’économie : entre intégration, inspiration et rejet

Rédigé par La rédaction du C3D, le 22 juin 2016

Le C3D organisait le 9 juin 2016, à l’Hôtel de l’Industrie, une soirée prospective sur la thématique : « Innovation durable et nouveaux modèles économiques ». Cette soirée a permis de débattre et de réfléchir aux leviers de transformation des business models et aux nouvelles façons de concevoir ses produits ou services.

Le numérique et l’économie collaborative au cœur des transformations

Denis GUIBARD, Vice-président du Collège, qui animait la rencontre, a d’emblée posé les problématiques de certains nouveaux modèles, nouvelles pratiques qui viennent bousculer et percuter de plein fouet des acteurs économiques en place : « Deux tendances de fond, deux facteurs viennent bouleverser l’économie en inventant de nouvelles approches : le numérique et ce qu’on appelle communément le collaboratif. Pour l’économie collaborative, le développement durable n’est ni la première motivation, ni le véritable facteur d’accélération de l’émergence de ces nouvelles offres, c’est avant tout pour les utilisateurs une recherche d’économies, de praticité et de simplicité sur ces nouveaux services ».

L’innovation en quatre business models

Pour donner des clés de compréhension de ces sujets complexes, Thomas Busuttil, membre associé du C3D, Fondateur d’Imagin’able et co-dirigeant d’Utopies a présenté l’étude « L’innovation par les nouveaux modèles économiques ».

Trois principaux modèles y sont définis :

  • Le modèle « fonctionnel », ou comment garantir un service basé sur la performance d’usage et la logique de coopération ;
  • Le modèle « collaboratif » ou comment répondre aux défis sociétaux en s’appuyant sur une communauté ;
  • Le modèle « circulaire » ou comment développer une approche en « boucle fermée » de son business model.

C3D Etute Utopies

Thomas Busuttil indique que l’on peut avancer un quatrième modèle, qui n’était pas au départ inclus dans l’étude, il s’agit du modèle dit « inclusif ». Selon T. Busuttil, pour comprendre ce modèle inclusif, le mot clé à retenir est l’accessibilité, à comprendre dans un double sens, d’un point de vue dimensionnel, mais aussi par rapport à la chaîne de valeur.

Pour le premier aspect, ces modèles vont par exemple permettre une inclusion financière. Un exemple d’offre correspondant à ce besoin étant le Compte Nickel permettant notamment aux interdits bancaire (plus de deux millions en France) de se créer facilement un compte en banque. Il y a un vrai marché derrière ce type d’offres alternatives, et Nickel dispose d’ores et déjà de 300 000 comptes ouverts à ce jour France.

Cette approche apporte aussi de nouvelles activités aux buralistes. De l’accessibilité économique (car ces offres rendent des services ou produits accessibles à moindre coût), mais aussi plus d’accessibilité sociale, que l’on connaît au travers de l’économie sociale et solidaire. Enfin, il faut ajouter la notion d’accessibilité environnementale, qui permet de faire le lien avec l’innovation frugale et peut faire du modèle inclusif une approche particulièrement vertueuse, sur différents plans.

Le modèle inclusif suppose aussi de l’accessibilité sur la chaîne de valeur, aussi bien sur l’amont, en termes de sourcing, qu’au niveau de la production, en permettant via des partenariats avec des populations fragilisées, handicapées par exemple, de pouvoir participer à la création de valeur en étant le plus autonome possible et complètement acteur de sa vie dans l’économie réelle. C’est l’exemple du partenariat de SAP avec Specialisterne sur le travail de personnes atteintes d’autisme.

Quand les nouveaux modèles viennent challenger les entreprises établies

La soirée a aussi été l’occasion d’échanger, de discuter, de débattre sur la question de l’ubérisation de l’économie, des dérives possibles, des opportunités qui surgissent, des idées reçues aussi sur ce que peuvent être certaines entreprises emblématiques de l’économie collaborative.

En seconde partie de soirée, Fabrice Bonnifet, président du C3D et directeur du développement durable du groupe Bouygues est venu présenter une offre co-créée avec des dizaines de collaborateurs et personnes associées, offre nouvelle et disruptive intégrant à la fois du collaboratif et de la fonctionnalité, présentation qui fera l’objet d’un second article sur le blog.

Les défis que posent aux entreprises « traditionnelles » ces nouveaux modèles d’affaires, ces pratiques parfois en rupture qui inquiètent, bousculent, transforment les organisations, forcent aussi à innover voire à se réinventer. Ce sont autant de challenges pour les directions du développement durable qui se doivent de co-construire ces nouvelles offres et services qui permettront de créer de la valeur autrement, en collaborant/coopérant avec ses clients, en promouvant l’économie de l’usage, en favorisant de nouveaux cycles des matières, des flux et en inventant une économie plus inclusive.