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L’entreprise dans la société post-croissante

Rédigé par La rédaction du C3D, le 27 septembre 2022

Une thématique semble nettement se démarquer en cette rentrée pleine de défis pour nos entreprises. Alors qu’Emmanuel Macron évoquait la “fin de l’abondance” pour prévenir citoyens et entreprises que les habitudes de consommation et de production allaient devoir évoluer vers une plus grande sobriété, c’est aujourd’hui le concept de croissance qui est largement remis en question. 

Croissance ou décroissance ?

De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences de la croissance telle qu’on la connaît depuis deux siècles. La surproduction et la sur-consommation entraînent l’épuisement des ressources et impactent durablement le climat. L’impératif de croissance pousse les entreprises à chercher la rentabilité dans chacune des actions, activités, décisions, au détriment parfois du bien-être des hommes et de la planète. La croissance constitue aujourd’hui le symbole d’un système économique essoufflé. 

Alors comment répondre à ce défi ? S’agit-il de consommer toujours autant mais différemment en se mettant sur la voie d’innovations plus respectueuses des écosystèmes ? Le principe de sobriété implique certes de consommer différemment mais surtout de moins consommer. 

Peut-on envisager une croissance verte pour répondre aux défis planétaires ? Cela revient à produire autant mais mieux. Selon Timothée Parrique, chercheur en économie et auteur de “Ralentir ou périr”, la croissance verte relève d’un mythe.

Alors aujourd’hui, nombreux sont les experts qui prônent un alignement de la production des entreprises, un alignement de la croissance, sur les limites planétaires. Certains prônent ainsi un ralentissement de la croissance, voire une décroissance. Si le terme en inquiète beaucoup, la décroissance voit pourtant naître des études à son sujet : les degrowth studies.

Quelle société post croissante envisager ?

Au-delà du concept de décroissance, c’est progressivement l’idée d’un monde en “post croissance” qui émerge. Cette société se veut plus sobre en ressources, c’est une économie qui ne se veut pas croissante mais stationnaire, en harmonie avec la nature et avec un meilleur partage de la valeur.

La décroissance semble cependant constituer le moyen d’atteindre cette société post croissante. Elle représente dans ce cadre une transition, car elle permettrait de se détourner de la poursuite de la croissance et d’apprendre de nouvelles façon de vivre, de produire et de consommer. 

Ce passage vers une société post-croissante implique de réinventer l’économie, d’en inventer une nouvelle qui repose sur de nouveaux indicateurs et des instruments plus adaptés aux enjeux environnementaux et sociaux. 

Les entreprises dans la post croissance

Dans cette société post-croissante, les entreprises ont évidemment leur rôle à jouer. Ce sont elles les premières qui devront accepter de réduire leur activité, abandonner les produits les plus rentables s’ils ne correspondent pas aux enjeux d’impacts positifs au risque de perdre des clients. Mustela, marque de produits cosmétiques pour les bébés, envisage de supprimer les lingettes de ses produits, car jetables, malgré le fait qu’il s’agisse d’une source de croissance pour le groupe. De la même façon, Camif refuse désormais de proposer des produits non européens dans son catalogue. 

Pour participer au développement de cette société, pour anticiper les transformations fortes, les entreprises sont invitées à aligner leur gouvernance sur de nouvelles valeurs mais aussi mesurer ce qui compte réellement, c’est-à-dire la protection des écosystèmes et de la planète, des hommes, et sûrement moins, voire pas du tout, la valeur financière.

Au final, que l’on parle de ralentissement de la croissance, de décroissance ou encore de post-croissance, il s’agit avant tout de basculer vers un modèle en rupture avec l’idéologie d’une croissance sans fin.