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Quel est l’impact environnemental du télétravail ?

Rédigé par La rédaction du C3D, le 15 février 2021

S’il l’on décèle bien un avantage à la crise sanitaire de la Covid19 que nous subissons actuellement, c’est la diminution de notre impact environnemental. Selon le bilan annuel du Global Carbon project, les émissions de C02 auraient chuté de près de 7 % en 2020. Dans un contexte d’urgence climatique, ces chiffres ne peuvent que rassurer. Cette diminution ciblée, octroyant un court répit à la planète, serait due aux nouveaux modes de vie apparus lors des confinements. Regardons du côté de notre vie professionnelle pour mieux s’en rendre compte : le télétravail constituerait en effet l’une des explications de la chute de nos émissions. En favorisant la démobilité, ce mode de travail impliquerait par exemple une diminution drastique de notre empreinte liée à l’utilisation de la voiture. Cependant, comme toute modification dans les comportements, le passage à un télétravail généralisé implique des effets rebonds venant contraster les avantages environnementaux visibles aux premiers abords. 

Quels sont les avantages environnementaux du télétravail ?

Le télétravail, s’il séduit par sa flexibilité et le gain de temps, possède également de nombreux avantages environnementaux. 

Pour commencer, le télétravail permettrait de diminuer d’environ 30 % les impacts environnementaux liés aux trajets en voiture pour se rendre sur site selon une étude de l’ADEME (septembre 2020). Cet argument en faveur de ce mode de travail se place parmi les plus fréquents lorsqu’il s’agit de citer les avantages environnementaux du télétravail. En effet, selon l’ADEME, un jour de télétravail hebdomadaire permettrait d’économiser 271 kilos de CO2 par an. 

Si l’on observe les faits au bureau en temps normal, c’est-à-dire en présentiel, on remarque que ce mode de travail a tendance à être particulièrement énergivore : lumière, climatisation, chauffage, machine à café, imprimantes… Le télétravail permet ici la suppression d’un espace physique à l’origine d’une forte consommation d’énergie.

De la même façon, il est relativement commun de consommer beaucoup et gaspiller au bureau sans s’en rendre compte car l’impact financier s’en ressent moins.  Depuis la maison, au contraire, il est plus aisé de se rendre compte de la quantité de déchets émis puisque l’on contrôle la chaîne du début à la fin. On estime par exemple à deux kilos le nombre de déchets engendrés par jour et par employé au bureau. En télétravail, la problématique est toute autre : les impressions ne sont plus un réflexe, les repas ne sont pas forcément emballés. Ce mode de travail permet ainsi de réduire la quantité de déchets émise en temps normal par l’entreprise. 

Enfin, le gain de temps offert aux collaborateurs grâce à la réduction des trajets dans les transports, s’il est bien organisé, peut aboutir à bien des avantages environnementaux à petite échelle. Par exemple, un individu disposant de plus de temps pour faire à manger, selon un rapport de l’ADEME (juillet 2020), aura tendance à moins gaspiller et à mieux organiser ses courses, permettant ainsi une cuisine incluant davantage les restes. Le rapport estime notamment que 40 % des Français ont passé plus d’une heure quotidienne en moyenne par jour dans leur cuisine contre 26 % avant le confinement, aboutissant ainsi généralement à des habitudes alimentaires plus responsables. 

Les avantages environnementaux du télétravail à nuancer

Les nombreux avantages environnementaux décrits plus haut impliquent des effets rebonds dont il faut tenir compte dans la réflexion autour de la mise en place généralisée du télétravail.

L’énergie qui n’est pas dépensée au bureau risque évidemment de l’être à domicile. Il est difficile de mesurer précisément si la consommation d’énergie de tous les collaborateurs travaillant de chez eux est inférieure à la consommation au bureau. Sur ce point, on ne peut donc pas réellement se positionner quant à l’impact énergétique du télétravail. Ce dernier existe cependant bel et bien néanmoins.  

La digitalisation des pratiques impliquée par la mise en place du télétravail questionne également la pollution numérique potentiellement engendrée dans le cadre de nos activités. La pollution numérique représenterait par exemple 4 % de la production mondiale de gaz à effet de serre. Avec le télétravail, ce pourcentage risque d’augmenter du fait de la multiplication des contacts via les visioconférences notamment. De la même façon, le fait d’équiper l’ensemble de ses collaborateurs implique parfois de doubler le matériel informatique afin de fournir un ordinateur à la fois sur site et à domicile. Ce facteur contribue grandement à l’augmentation des déchets électroniques. 

Enfin, si l’on constate effectivement une diminution des trajets pour se rendre au bureau, il semblerait qu’il s’agisse plus d’une transformation dans la nature des mobilités que d’une démobilité en tant que telle. En effet, les nouveaux modes de vie et de travail poussent de nombreux Français à relocaliser leur habitat, c’est-à-dire à éloigner leur domicile du lieu de leur travail pour gagner en espace, en qualité de vie, etc. Ces nouveaux choix de vie ont également tendance à offrir plus d’opportunités de partir sur des week-ends prolongés, impliquant ainsi souvent des trajets en voiture. 

Des solutions pour diminuer l’impact environnemental du télétravail

Le télétravail possède de nombreux avantages environnementaux mais attention aux effets rebond. Pour pallier aux différents facteurs énoncés précédemment, il existe plusieurs petits gestes à adopter développés notamment dans le guide “Éco-responsable au bureau” par l’ADEME.

Globalement, le plus intéressant serait d’adopter un mix entre télétravail et présentiel, en optant pour du matériel informatique nomade, d’occasion ou de seconde main. Le fait de privilégier le flex office permet également de diminuer les coûts et impacts environnementaux tout en profitant de la possibilité de se retrouver entre collègues. 

Concernant le télétravail en tant que tel, il est recommandé de privilégier les appels audio aux visioconférences et de nettoyer régulièrement son espace Cloud et les boites mail, éviter le recours au streaming lorsque le téléchargement est possible, etc. permettant ainsi de diminuer l’impact numérique et de tendre vers une certaine sobriété numérique. 

Dans la sphère privée, de nombreux éco-gestes bien connus comme imprimer au minimum, diminuer le chauffage, éteindre les lumières inutiles et arrêter l’ordinateur lorsqu’il n’est pas nécessaire… permettent également de faire des économies pour les ménages. 

Le télétravail, s’il provoque des effets rebond, connaît bien plus d’avantages que d’inconvénients sur le plan environnemental. Cependant, l’ADEME considère que ces effets rebond auront tendance à réduire de 31 % les bénéfices environnementaux du télétravail (septembre 2020) si ce mode de travail venait à se généraliser dans la durée. Il est pour cela urgent de mettre en place dès maintenant un ensemble d’habitudes visant à limiter l’impact environnemental dans le cadre du télétravail.