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« Nos fournisseurs doivent être dans une démarche ambitieuse et vertueuse » Bertrand Swiderski, Carrefour

Rédigé par La rédaction du C3D, le 25 mai 2021

Cet article a été préalablement publié sur RSEDATANEWS.

Si les relations avec les fournisseurs sont au centre des récents engagements pris par Carrefour, le distributeur ouvre aussi de nouveaux chantiers, telle la généralisation, au-delà du top management, de l’introduction de critères RSE dans le calcul de la part variable de l’ensemble des salariés qui en perçoivent une. Tour d’horizon avec Bertrand Swiderski, le directeur développement durable du groupe.

Lors de la publication des nouveaux engagements RSE de Carrefour, vous avez notamment demandé à vos fournisseurs de réduire leur empreinte carbone de 20 mégatonnes de CO2 avant 2025. Comment cela va-t-il se passer  ?

Bertrand Swiderski : Les achats, ce sont 80 % de nos émissions de CO2. Notre objectif est de diminuer ces émissions de 29 % d’ici à 2030 par rapport à 2019. Pour cela nous avons fixé trois axes prioritaires : agir sur les produits et services, les usages et les transports. La première façon est d’engager les fournisseurs. Nous avons à cet effet décidé de créer le “pacte pour la transition alimentaire”, afin d’agir ensemble. Nous avons incité, dans un premier temps, nos principaux fournisseurs à faire acte de candidature pour adhérer à ce pacte et nous allons réunir un comité de sélection.

Sur quels critères les candidats vont-ils être sélectionnés ?

Bertrand Swiderski : Nous souhaitons sélectionner les fournisseurs qui sont dans la même dynamique que nous : ils doivent eux aussi avoir pris des engagements à l’horizon de 2030, avoir rejoint l’initiative SBTI et nous communiquer leur note du CDP.

Cette note est-elle éliminatoire ? Quel est le niveau d’exigence ? Faut-il être au niveau A+ ? Où se situe la limite ?

Bertrand Swiderski : Nos fournisseurs doivent être dans une dynamique volontaire et vertueuse. Nous allons surtout regarder si leurs engagements sont bien alignés sur les enjeux. 120 entreprises ont déjà transmis des dossiers et le pacte sera ensuite ouvert à tous nos fournisseurs.

Avec le risque d’être déréférencés s’ils ne rejoignent pas ce pacte ou si leurs engagements ne sont pas jugés suffisants ?

Bertrand Swiderski : A ce stade, non. Notre objectif est d’accompagner l’ensemble des fournisseurs qui auront rejoint ce pacte à aller plus loin. C’est ensemble que nous allons construire les réponses : comment réduire les émissions dues aux transports, aux recettes, aux emballages, comment encourager le développement d’une offre de produits locaux ?… Les chantiers sont nombreux. Nous souhaitons agir sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour diminuer aussi les émissions dues à l’usage de nos produits par les consommateurs. Tous les fournisseurs ne participeront pas forcément à tous les projets. Il pourra y avoir des groupes de 5 ou 6 sur des sujets pointus.

Vous parlez de fournisseurs. Y incluez-vous les producteurs agricoles, par exemple ?

Bertrand Swiderski : L’accompagnement des fournisseurs de matières premières agricoles se fait dans le cadre d’autres initiatives du groupe. Nous travaillons avec 20 000 producteurs partenaires auprès desquels nous menons des projets en agroécologie ou que nous encourageons à développer une offre de produits bio. En 2022, nous avons défini des objectifs pour toutes les filières qualité France : elles devront au minimum avoir un de leurs fournisseurs engagé dans une démarche agroécologique. Le développement des filières bio se poursuit lui aussi : six nouvelles filières ont été créées en septembre dernier. Pour limiter nos émissions, nous voulons aussi accompagner la relocalisation des productions, l’approvisionnement en protéines végétales résultant de la diminution de la consommation de viandes étant un enjeu important pour nous. Nous travaillons déjà avec des producteurs de soja en Bigorre sur des produits de substitution au jambon. Mais nous poursuivons aussi, à travers toutes ces actions, des objectifs environnementaux tel le maintien de la biodiversité ou de santé, et aussi sociaux autour de la rémunération juste des producteurs.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur RSEDATANEWS.