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Entreprises : quelles sont les tendances RSE pour l’année 2021 ?

Rédigé par La rédaction du C3D, le 8 janvier 2021

L’année 2021 débute à peine et elle est déjà placée sous le signe de la transition écologique. Si la crise sanitaire et économique nous a bien appris quelque chose, c’est que la dimension RSE est désormais incontournable. En effet, les entreprises qui ont le mieux résisté aux chamboulements de nos modes de vie récents sont pour beaucoup celles qui avaient mis en place une démarche avancée de RSE. Suite logique à cette prise de conscience générale, 2021 peut être considérée comme une année charnière pour les entreprises qui n’auront pas d’autres choix que de rebondir en s’appuyant sur les enjeux environnementaux et sociaux. En 2021, les entreprises seront responsables ou ne seront pas. Quelles grandes tendances peut-on observer pour cette nouvelle année ? 

 

Résilience ou anti-fragilité ?

Doit-on souhaiter plus de résilience aux entreprises ? Ou doit-on plutôt prôner l’anti-fragilité ? Concept développé par Nassim Nicholas Taleb, l’anti-fragilité appliquée à l’entreprise et au contexte actuel représente la tendance d’une organisation à se renforcer, pendant, avec et grâce à un phénomène de crise. Cela signifie qu’elle se perfectionne à la suite d’un choc, là où la résilience n’évoque qu’une façon de résister à une crise en s’adaptant, pour finalement reprendre la forme d’avant-crise. 

La résilience constitue l’un des mots-clés de cette nouvelle année. Pourtant, il semble que les entreprises soient plutôt attendues sur leur capacité à se réinventer suite à la crise. Le modèle d’entreprise tel qu’on le connaît actuellement est invité à se renouveler. Cela s’est vu pendant la crise puisque de nombreuses entreprises ont été obligées de modifier leur modèle afin de survivre, les secteurs de l’hôtellerie, de l’évènementiel et de la restauration en ont fait les frais. 

 

Climat et biodiversité au coeur des préoccupations

En 2021, les entreprises vont tenter de se reconstruire malgré un contexte toujours difficile. Cela implique de tirer les leçons de 2020. Attention cependant à la direction choisie pour un changement de modèle. La tendance est plus que jamais à la conciliation entre enjeux économiques et enjeux environnementaux. La performance dépend désormais également du sens que l’on donne à son activité. Les entreprises sont donc attendues au tournant par les consommateurs, fournisseurs, collaborateurs et autres parties prenantes, et vont devoir prouver factuellement qu’elles s’engagent pleinement. 

Cette tendance semble d’ailleurs avoir été déjà pressentie par certaines entreprises qui s’investissent notamment dans de nouvelles initiatives inspirées de la Convention Citoyenne pour le climat, la Convention 21 ainsi que La Convention des Entreprises pour le Climat, preuves que ces dernières ont conscience de leur responsabilité. De la même façon, les coalitions d’entreprises, comme Business for Nature et Act4Nature International, particulièrement développées en 2020, sont vouées à devenir de plus en plus visibles pour cette année. 

Sujet proche du climat et de la biodiversité, la question des déchets raisonnera en particulier à l’échelle européenne cette année avec l’interdiction de l’envoi de la majorité des déchets plastiques vers des pays plus pauvres, non-membres de l’OCDE, depuis le 1er janvier 2021. Un autre texte législatif visera quant à lui cette année à limiter la consommation de produits à usage unique, à lutter contre l’obsolescence prématurée et la destruction d’invendus. En France, l’indice de réparabilité de la loi AGEC permet déjà de lutter contre le gaspillage. 

Enfin, de nombreux événements et dates clés sur les sujets climat et biodiversité vont ponctuer cette nouvelle année, plaçant la lutte contre le changement climatique et la quête d’un modèle plus responsable en tête des préoccupations politiques aux niveaux national et  européen. De la même façon, la Loi Climat-Energie, dont le décret d’application est attendu pour février, reprend un certain nombre de propositions de la Convention citoyenne et influencera évidemment le déroulement de certaines activités des entreprises. 

 

La finance durable sur le devant de la scène

La stratégie finance durable de la Commission Européenne sera publiée très prochainement et propulsera par la même occasion ce thème sur le devant de la scène. De plus, comme annoncé récemment par la présidente de la Commission Européenne, il s’agirait de financer les 750 milliards d’euros du plan de relance européen par au moins 30 % d’obligations vertes.  Ce sujet est d’autant plus important que selon un rapport de l’ONU début décembre 2020, une relance « verte » pourrait réduire de 25 % les émissions anticipées d’ici 2030.

La taxonomie verte constituera également un sujet majeur de cette année puisque sera publié très prochainement le premier acte délégué pour les deux objectifs d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. De la même façon, d’ici fin 2021, la Plateforme sur la finance durable définira les critères des quatres objectifs environnementaux (eau, économie circulaire, déchets, protection des écosystèmes). 

Enfin, d’ici quelques mois, le règlement Disclosure entrera en vigueur. Cela impliquera la mise en place de nouvelles obligations de publication d’informations sur la durabilité des produits d’investissement pour les acteurs financiers européens. Les entreprises devront ainsi rester vigilantes sur le sujet de la finance verte. 

 

Supply chain et production : le local va primer

Durant la crise et les confinements qui en ont découlé notamment, nous avons pu observer une transformation des chaînes d’approvisionnement et de la logistique à l’échelle internationale. Les entreprises ont dû s’adapter aux problèmes de stocks et de transports en un temps record. 

En 2021, la relocalisation apparaît alors comme une nécessité afin d’assurer la pérennité des activités dans un contexte qui reste fragilisé. Une entreprise française sur deux aurait d’ailleurs l’intention de relocaliser sa production sur le long terme. Les consommateurs y sont très sensibles puisqu’ils seraient 73 % à souhaiter consommer plus responsable dans le contexte de la crise (Baromètre de la Transition Alimentaire de Max Havelaar France réalisé avec OpinionWay).  

Les entreprises devront également s’attendre à rendre des comptes sur ces sujets puisque l’Union Européenne élaborera en 2021 une proposition législative sur le devoir de vigilance des donneurs d’ordre vis-à-vis de leurs sous-traitants. L’objectif : mieux encadrer la chaîne de valeurs dans un contexte sur mondialisé. 

Enfin, sur le sujet de la mobilité, les entreprises pourront profiter du développement de l’hydrogène autant sur le transport lourd (train, bateau, bus) que le transport léger (véhicules) grâce à des aides de l’État, également investi dans la mobilité électrique. 

 

Les tendances pressenties pour les entreprises en 2021 sont fortement impactées par la crise sanitaire que nous subissons toujours aujourd’hui. Les entreprises sont cependant invitées à se transformer, à se saisir des leçons et opportunités offertes par ce contexte pour se réinventer et transformer leur modèle, de leur chaîne de valeurs à leur gouvernance. Les instances gouvernementales nationales et européennes tentent à ce titre de mieux cadrer les activités des entreprises et les incitent à renforcer leur stratégie RSE à partir de nouveaux dispositifs.