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Portrait d’une nouvelle membre C3D : Caroline Darmon, Directrice RSE France de Publicis Group

Rédigé par La rédaction du C3D, le 10 mars 2023

Portrait de Caroline Darmon, Directrice RSE France de Publicis Group, et nouvelle membre C3D

 

Quelques mots sur votre parcours ?

J’ai commencé avec un parcours de publicitaire classique. J’ai fait une école de commerce à Toulouse et je suis restée 8 ans dans une filiale de Havas à combiner une casquette de commerciale et de new business. Pendant cette 1ère expérience professionnelle, j’ai notamment pris un congé sabbatique pour voyager en Asie pendant 6 mois. Une expérience incroyable !

J’ai ensuite rejoint Publicis Conseil en 2006, en tant que commerciale ce qui me donnait la possibilité d’être sur plusieurs clients en même temps, d’en changer régulièrement et ainsi être sur différentes problématiques. Une véritable richesse.

En parallèle, j’entendais parler de RSE et m’y intéressais de plus en plus. En 2013 j’ai croisé la route, un peu par hasard, de la Vice-Présidente Groupe en charge de la RSE, Eve Magnant, et j’ai réalisé que de nombreuses actions étaient menées au niveau du Groupe depuis longtemps, mais ne redescendaient pas dans les agences. Je suis allée alors frapper à la porte d’Arthur Sadoun qui était à ce moment-là Président de Publicis Conseil pour lui proposer de créer un département RSE dans l’agence… et l’aventure a commencé !

Dès 2014, j’ai mis en place une stratégie RSE pour l’agence, qui jusqu’en 2016 était focalisée sur les collaborateurs, notre première partie prenante. Plusieurs aspects étaient travaillés comme le bien être (le sujet du stress est important dans nos agences), la sensibilisation à l’impact de notre quotidien sur l’environnement, le regard sur le handicap… Les axes prioritaires de la stratégie se sont construits avec les collaborateurs. Et, dans le même temps, je suis rentrée dans la commission RSE de l’AACC où je suis Vice-Présidente aujourd’hui ; un vivier de partages de bonnes pratiques et surtout de création d’outils pour aider l’ensemble du secteur à accélérer.

En 2018, alors que nous développons l’accompagnement des clients notamment sur leur raison d’être mais aussi l’eco-socio conception et production des campagnes, Publicis Conseil obtient 3 étoiles au label RSE ”Agences Actives” AACC Afnor Certification, label nouvellement créé spécifique aux agences conseils. Une étape importante de franchie qui a permis de valider et la légitimité et la crédibilité RSE de l’agence.

En 2019, Agathe Bousquet, alors Présidente Publicis France, souhaite accélérer la RSE au sein de Publicis. Elle crée le poste de directrice RSE France et me nomme. Pour avancer il était indispensable d’avoir le soutien du Comex ainsi que celui de l’ensemble des directions d’agences de Publicis France (26 entités). Les convaincre a été objectivement facile, la prise de conscience des enjeux était là. 4 ans après, la RSE chez Publicis France c’est 6 collaborateurs dédiés et quasiment 60 ambassadeurs qui portent ces sujets dans chacune des entités. Ce modèle, encore à date, est le seul existant au sein des pays du groupe Publicis. La France sert d’exemple et nous commençons d’ailleurs depuis l’année dernière à internationaliser nos pratiques pour embarquer d’autres pays du groupe et les aider à accélérer.

 

Votre rôle et vos missions quotidiennes dans votre entreprise ?

Il y a 3 grands axes autour de notre raison d’être « Lead the Positive change » : 

  • Faire avancer nos agences pour que chaque entité ait sa propre stratégie RSE qui vienne aussi nourrir celle de la France. Il s’agit d’épauler les ambassadeurs RSE à travers la mise en place d’actions, d’outils, d’accompagnements personnalisés… Et sur certains sujets, nous travaillons main dans la main avec d’autres départements comme la direction de l’inclusion, de la diversité et de l’équité créée il y a un an.
  • Faire avancer nos partenaires. Nos clients dans leur transformation positive en les conseillant dès la construction de leur raison d’être jusqu’au déploiement en communication. Et chaque année plus de 40 associations, ONG, fondations qui font avancer les causes, que nous accompagnons en pro bono ou mécénat de compétence ainsi que de plus en plus d’entrepreneurs à impact. Sans oublier nos fournisseurs que nous aidons à monter en compétences suivant leur maturité sur les enjeux RSE.
  • Faire avancer notre industrie en transformant nos métiers et formant à la communication responsable. La partie formation est centrale. Nous avons lancé en 2021 un programme interne de transformation ”We are positivers” et déjà 2200 collaborateurs l’ont suivi ! C’est un complément entre des modules e-learning créés avec MySezame qui abordent tous les aspects de la communication responsable, du message aux media en passant par la production, le digital… et des ateliers d’approfondissement en physique avec une feuille de route propre à chaque collaborateur. C’est une formation que nous mettons aussi à disposition de nos clients et qui rentre dans un vaste process de transformation de la communication que nous avons créé et testé dès 2018 au doux nom de « No Impact for Big Impact ».

 

Qu’est-ce qui a provoqué votre déclic climatique / RSE ?

Je suis aussi tombée sur Pierre Rabhi avec la fable du colibri, et ça a été un vrai déclic ! Je me suis demandé comment prendre le sujet à mon tour, dans mon quotidien et dans mon métier. 

Puis la prise de conscience du rôle de la publicité dans la transition écologique et sociétale. Se rendre compte qu’on pouvait se servir des mêmes « armes » utilisées pendant des années pour idéaliser les modèles de surconsommation, possession… pour désormais créer de nouveaux imaginaires collectifs en phase avec les limites planétaires et rendre désirable de nouveaux comportements pour consommer moins et mieux. 

 

Le défis ou engagement qui a été le plus difficile à mettre en place ?

J’ai la chance d’avoir le soutien du COMEX depuis le début et in fine j’ai toujours pu faire ce en quoi je croyais, même si bien sûr parfois cela prend du temps.

Mais le défi est d’aller encore plus vite, encore plus loin, par exemple dans la construction des imaginaires collectifs et en faire un nouveau réflexe dans le processus créatif. 

 

La solution ou la personnalité qui vous inspire le plus ? 

Pierre Rabhi m’inspire donc beaucoup, mais l’ex Première Ministre de la Nouvelle Zélande Jacinda Ardern est aussi une grande inspiration pour moi dans tout ce qu’elle a véhiculé. Son humanité, son courage mais aussi son humilité. Sa posture en tant que personnalité politique était novatrice jusqu’à sa démission, savoir raccrocher en politique c’est rare !

 

Si vous ne deviez retenir qu’une seule bonne pratique pour illustrer votre engagement, ce serait laquelle ?

Il y en aurait deux pour moi : d’abord, l’importance du collectif, d’embarquer. Comme on dit, seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin. 

Et ensuite : faire ! Être dans l’action, agir. Ne jamais faire de fausses promesses. Et si on veut communiquer, c’est toujours après. 

 

Si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?

J’ose espérer que l’importance de la RSE est intégrée par à peu près tous les dirigeants… 

Ce qui est sûr c’est qu’il faut inclure la RSE dès le départ et partout dans l’entreprise, ne pas juste en faire quelque chose à côté. Cela peut sembler paradoxale car je suis moi-même à la tête d’un pôle RSE, mais idéalement il ne faudrait plus avoir de service dédié et que la RSE soit partie intégrante de toutes les strates de l’entreprise. 

C’est très important de diluer cette expertise partout, on gagnera un temps énorme. Et il est également indispensable de commencer par de la sensibilisation et de la formation pour embarquer les collaborateurs et tenir sa trajectoire de réduction d’impacts et ses objectifs.