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Biodiversité : quels sont les freins à l’action ?

Rédigé par La rédaction du C3D, le 25 octobre 2023

La biodiversité est en moyenne huit fois moins traitée dans les médias que le climat. Pourtant, ces deux enjeux sont étroitement liés et la biodiversité souffre de ce manque de visibilité. 

On constate pourtant que la sensibilisation autour de certains enjeux de la crise de la biodiversité sont aujourd’hui ancrés dans l’inconscient collectif : la disparition des abeilles, celle des ours blancs… Alors, malgré l’urgence, pourquoi n’agit-on pas plus pour la protection de la biodiversité ? Quels sont ces freins à l’action qui persistent ?

Un état des lieux de la biodiversité

Les chiffres sur le déclin de la biodiversité sont particulièrement alarmants : un site sur cinq classé au patrimoine mondial de l’Unesco menacé, 20 millions d’oiseaux qui disparaissent en Europe chaque année, 17 % des espèces sont éteintes ou menacées en France

Les facteurs de ce déclin sont nombreux : pollutions de l’air, pollutions sonores et lumineuses, exploitation de la nature, artificialisation des sols, changement climatique, espèces exotiques invasives, chasse, pêche, etc.

En parallèle, c’est tout un système économique qui repose en grande partie sur la biodiversité. On estime ainsi que 55 % du PIB repose sur les services rendus par la nature, les services écosystémiques. De nombreux secteurs dépendent entièrement de la biodiversité pour leur fonctionnement. Il s’agit par exemple de l’agriculture, des médicaments, de l’eau, de l’alimentaire… Il est donc indispensable d’enrayer l’effondrement de la biodiversité, de la protéger.

Des freins à la protection de la biodiversité

Pourquoi ne constate-t-on pas plus d’actions en faveur de la protection de la biodiversité malgré l’urgence ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. 

Tout d’abord, le manque de sensibilisation joue dans la compréhension des interdépendances entre notre économie et la biodiversité. Ainsi, nombre de citoyens ne sont pas conscients de l’importance de la biodiversité et de la manière dont elle affecte nos vies. Le manque de sensibilisation peut conduire à l’apathie et à l’inaction.

Ensuite, le manque de financement des projets de conservation tend à installer certaines limites. Ce frein est aussi à mettre en parallèle avec les diverses pressions économiques et les enjeux politiques. La protection de la biodiversité ne peut pas se faire dans un espace délimité et un cadre restreint. Elle doit être universelle et concerner l’ensemble des pays, pas seulement un territoire, car la biodiversité repose sur des interactions sans frontières entre les écosystèmes. 

Autre frein : celui de la réglementation. Des lois existent, certaines à l’échelle nationale, d’autres à l’échelle européenne et même internationale. Cependant, celles-ci ne s’appuient pas toujours sur des systèmes de sanctions.

La biodiversité et ses symboles

Et à l’échelle des citoyens, pourquoi l’enjeu de la biodiversité est-il si difficile à prendre en compte ? La notion d’amnésie écologique, ou amnésie environnementale, peut l’expliquer. Ce mécanisme psychologique désigne l’acclimatation progressive à la dégradation de l’environnement au fil des générations. L‘amnésie écologique peut par exemple être illustrée par le nombre d’insectes qui s’écrasent aujourd’hui sur le pare-brise des voitures. En effet, les plus jeunes générations n’ont quasiment pas connu ce phénomène et ne s’étonnent donc pas de sa disparition.

Se pose également aujourd’hui la question du symbole de la biodiversité : l’ours blanc. Cet emblème ne serait pas représentatif de l’impact du changement climatique sur la biodiversité et ne constituerait pas une image universelle. Et pour cause, sur 19 sous-populations que compte l’espèce, il y en aurait “seulement” trois en déclin. Les messages autour de la biodiversité qui utilisent l’ours blanc ne sont donc par exemple pas compris par les populations qui vivent près de ces animaux dont ils voient les populations augmenter. 

Les freins à l’action, qu’il s’agisse de la biodiversité ou de tout autre enjeu de transition, reposent en grande partie sur une mauvaise compréhension de ces problématiques et de leur impact sur les hommes. Sensibilisation et formation doivent constituer les maîtres mots, qu’il s’agisse de citoyens, de consommateurs, de collaborateurs, de PDG ou encore de membres du gouvernement.