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Quid des pratiques RSE : que font les entreprises françaises et pourquoi ? Réponse avec les résultats de l’étude Afnor

Rédigé par La rédaction du C3D, le 24 février 2020

Les acteurs économiques ne peuvent plus se permettre de passer à côté du débat sur la responsabilité sociétale des entreprises. À ce titre, Afnor et BVA ont fait paraître une étude fin 2019 s’intitulant “La RSE, un cheminement probant dans le temps” dans laquelle ils interrogent 408 organisations de toutes tailles actives en matière de RSE. L’enquête témoigne d’une volonté de décrypter la façon dont les entreprises françaises s’engagent, tous secteurs confondus. Elle s’applique à répondre ou donner des pistes à un ensemble d’interrogations liées aux pratiques responsables des entreprises, qu’il s’agisse des actions menées, des références utilisées ou encore de leur perception de la RSE. 

Les pratiques RSE sont-elles plus efficaces sur le long terme ?

L’enquête a permis de mettre en lumière un phénomène encourageant pour les entreprises ayant mis en place une politique RSE. Il semblerait que l’engagement exige certes beaucoup de temps mais soit particulièrement efficace sur le long terme. Il s’agit d’efforts qui ne sont pas récompensés dans l’immédiat mais qui constitueront les bases d’actions solides et concrètes dans les prochaines années. 

L’étude nous apprend ainsi que le nombre d’actions réalisées par les organisations engagées évolue proportionnellement à la durée de l’engagement. Les acteurs économiques ayant entamé la création d’un service récemment (2 à 3 ans) mettent généralement en place moins de 5 actions. Ces dernières sont souvent liées aux conditions de travail et au développement local et existent de façon ponctuelle, en fonction des occasions. Il s’agit d’un tâtonnement indispensable vers l’évolution de meilleures pratiques. Quelques années plus tard seulement, les entreprises sont en mesure de développer le double d’actions tournant principalement autour d’un recrutement responsable dans l’intégration du handicap notamment, et des parties prenantes. La démarche est alors plus structurée. Au bout de 5 à 6 ans d’ancienneté, il est estimé qu’un service RSE sera en mesure de développer une dizaine d’actions concernant la réduction des déchets ou même la raison d’être. Il s’agit d’actions bien plus engageantes. Enfin, les entreprises ayant établi les bases de leur engagement 8 ans auparavant ont tendance à maîtriser une bonne partie des enjeux liés à la RSE et donc à proposer des actions plus pointues dans une démarche globale comme la réduction des émissions de CO2, les achats responsables ou encore la protection de la biodiversité. 

Il s’agit d’observations que l’on peut vérifier à travers les membres du C3D. A l’instar de Carrefour qui a démontré une volonté de prendre en compte des enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux dès 2012 et qui s’est beaucoup développé depuis. Aujourd’hui, le groupe articule sa stratégie RSE autour de quatre axes structurés et précis à savoir : la lutte contre le gaspillage, la préservation de la biodiversité, l’accompagnement des partenaires et les hommes et les femmes de l’entreprise. De la même façon, Schneider Electric a pris en compte les enjeux du développement durable depuis de nombreuses années ce qui lui a permis de s’élever au rang de “leader du CAC40 en matière de performance climatique” par le cabinet de conseil en stratégie climatique EcoAct. 

Quelles sont les actions RSE privilégiées par les entreprises ? 

Les actions menées dépendent de plusieurs facteurs. L’enquête a révélé les actions les plus organisées par les entreprises selon trois piliers : social, sociétal et environnemental. En moyenne, les entreprises citent 11 actions lorsqu’on leur demande d’expliquer leur démarche.

Concernant le premier pilier, le social, il semblerait que l’hygiène et la santé des parties prenantes constituent une préoccupation majeure puisque 69 % des entreprises interrogées s’appuie sur cet aspect afin de développer de meilleures pratiques. Les conditions de travail ainsi que la question de l’égalité homme femme arrivent juste derrière. Le groupe ADP a par exemple mis en place un système d’information intégré permettant de regrouper les procédures d’évaluation des risques professionnels potentiels ainsi que les facteurs de pénibilité, les accidents de travail, etc. Depuis 2015, le groupe organise deux journées de la sécurité par an afin de sensibiliser les collaborateurs aux risques professionnels et les former aux gestes de premier secours.

Les actions liées au pilier sociétal tournent principalement autour de l’ancrage et du développement local puisque 57 % des organisations interrogées façonnent leur démarche en fonction de ces points. Également citées, les réflexions autour de la raison d’être et des valeurs ainsi que la lutte anti-corruption constituent des actions phares. 

Enfin, la prise en compte des enjeux environnementaux tourne principalement autour de la réduction des déchets. 62 % des entreprises interrogées indiquent avoir mis en place cette action. S’en suivent la réduction des consommations d’eau et d’énergie et la réduction des émissions de CO2. De façon plus générale, 81 % des entreprises interrogées ont mis en place le tri des déchets afin d’établir les premières bases de leur engagement. Nexity s’est emparé du sujet afin de façonner son engagement autour du développement durable. L’entreprise a en effet mis en place la gestion des déchets de chantier par le biais d’un diagnostic permettant d’évaluer la réutilisation possible ou non de ces déchets. Elle tente également de réduire sa consommation énergétique en développant le concept de solidarité énergétique et en encourageant les mobilités responsables au sein de l’entreprise et en dehors. 

Pourquoi valoriser sa politique RSE ? 

L’enquête a mis en avant un ensemble de motivations pour lesquelles les entreprises interrogées indiquent s’engager. Pour plus de la moitié d’entre elles, il s’agit principalement de “valoriser les initiatives existantes”. S’en suit la volonté de “fédérer les collaborateurs autour d’un projet commun”, puis de maintenir la confiance des parties prenantes. Enfin, l’opportunité de se démarquer des concurrents constitue également une motivation pour 38 % des entreprises interrogées. 

Ces mêmes entreprises ont cependant admis pour environ 52 % d’entre elles s’être confrontées à certaines difficultés telles que le manque de temps, la difficulté à mobiliser les collaborateurs en interne ou encore le manque d’expérience.

Ces motivations font écho aux bénéfices que les entreprises ont indiqué lorsqu’elles ont été interrogées. Pour 80 % d’entre elles, l’élaboration de la politique RSE a permis de “renforcer l’engagement des collaborateurs” grâce à la mise en place de projets fédérateurs. Le même pourcentage a indiqué avoir “développé son attractivité”. Arrive ensuite l’opportunité d’innover que 78 % des entreprises ont relevé. Enfin, elles ont effectivement reconnu la possibilité de se démarquer des concurrents grâce à leur démarche responsable.

On notera que l’élaboration d’une politique RSE efficace demande du temps et nécessite une implication sur le long terme. La patience est donc requise puisque les organisations engagées depuis longtemps ont tendance à récolter les effets les plus positifs. Ces derniers constituent des bénéfices non négligeables que les entreprises interrogées ont bien en tête. De façon générale, “72 % des professionnels interrogés considèrent la RSE comme un enjeu essentiel ou très important” (Étude Afnor 2019).