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Développement durable : en nous trompant de définition, nous n’arriverons pas à des résultats à la hauteur des enjeux

Rédigé par La rédaction du C3D, le 15 avril 2020

Tribune de Fabrice Bonnifet, Président du C3D, précédemment publiée sur Novethic.

Dans le monde pré-covid-19, le climat était enfin entré à l’agenda stratégique des boards des entreprises, ainsi que des thématiques telles que le plastique, les déchets voire pour les plus avancées les inégalités sociales et la biodiversité. Tant mieux. Pourtant, malgré les grands discours des décideurs économiques, les émissions de gaz à effets de serre ont continué d’augmenter. Mis à part quelques rares indicateurs environnementaux ou sociaux en amélioration, tous les autres sont au rouge écarlate. Pourquoi un tel décalage entre les engagements et les effets ? Aujourd’hui, la question vitale est de savoir s’il est possible de concilier durabilité et profit. Et il est d’autant plus important de pouvoir répondre à cette question alors que la direction que vont prendre les actions – et donc des budgets – post covid va être décisive pour la suite.

En entreprise, le développement peut-il être durable ?

En tant que directrices et directeurs du développement durable, nous devons régulièrement rappeler que le « développement durable » n’est pas un concept miracle qui consisterait à améliorer quelques paramètres à la marge, juste sous le radar de la loi et de l’acceptation sociétale, pour finalement chercher à maintenir le paradigme de la croissance infinie. L’essence même du développement durable nous impose de redéfinir la notion de développement, qui, en l’état actuel, ne peut être durable, même en surfant sur des produits et technologies qui se voudraient plus verts. D’aucuns se rassurent encore en pensant que la vague de la croissance verte et les progrès scientifiques nous sauveront, ce qui nous absout de changer de modèle de développement. Ce mythe a été savamment entretenu probablement à dessein par nombre de penseurs économiques écoutés des politiques, ainsi que par certains technophiles aveugles et sourds aux signaux pourtant forts des dérèglements des écosystèmes naturelles. Mais cette chimère a fait son temps également.

Le développement durable ne peut plus être le faux nez d’une croissance supposée « moins impactante »

Il est commun de croire chez une majorité de « biens pensants » que le développement durable désigne une sorte de croissance propre. La certitude d’un monde sans limite étant la croyance erronée la plus partagée. Et pourtant depuis la publication du rapport Meadows « Halte à la Croissance », les scientifiques n’ont de cesse de le répéter (euphémisme, ils s’époumonent) : tant que la base du système économique reposera sur le paradigme de l’exploitation sans limite des ressources naturelles, il est illusoire de laisser espérer que des solutions technico-économiques permettraient à tous les habitants de la planète d’accéder, sans impact destructeur significatif sur le climat et le vivant, à un niveau de vie matériel tel que nous le connaissons dans l’hémisphère nord. Et ce mythe ne doit pas revoir le jour sous prétexte d’une relance plus verte dans les mois qui vont suivre le déconfinement des entreprises.

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