BOOK CLIMAT DU C3D 3 Préambule Les États du monde entier se sont engagés en 2009 pour que la hausse de la température moyenne planétaire reste inférieure à 2°C par rapport à son niveau préindustriel. Ce chiffre de 2°C est le fruit d'une décision politique fondée sur des conseils scientifiques. Des travaux récents1 et communiqués à la conférence de Bonn début juin 2015 montrent que des risques élevés sont projetés, même pour un réchauffement supérieur à 1,5 °C. Les 2 °C ne doivent pas être vus comme un objectif, mais plutôt comme une « ligne de défense » dont il faut vouloir être éloigné le plus possible. Or, si la tendance actuelle de croissance des émissions actuelles de gaz à effet de serre (GES) se poursuivait, la température augmenterait d'ici la fin du siècle dans une fourchette comprise entre 3,7°C et 4,8°C, selon le dernier rapport du GIEC2. Les conséquences en seraient désastreuses. Pour ne citer que deux chiffres : 1,4 milliard de personnes pourraient vivre des restrictions sévères liées à l'eau en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Un monde à plus 4°C est un monde où la lutte contre la faim et l'extrême pauvreté est perdue d'avance et signifierait le retour à la pauvreté pour des centaines de millions de personnes dans les pays en développement3. Le respect des engagements internationaux suppose une très forte correction pour remettre nos économies sur une trajectoire sous les 2°C. Les émissions de GES sont estimées aujourd'hui à 50 GtCO2eq. Il s'agit, en ordre de grandeur, de les réduire à 15 à 30 GtCO2eq en 2050, soit une réduction de 40 à 70% par rapport à 2010, pour arriver à la neutralité carbone avant la fin du siècle. L'effort à fournir pour atténuer les effets du changement climatique, tant par les entreprises que par les gouvernements en matière d'incitation et les citoyens par leur comportement, est donc considérable. Par ailleurs, dans tous les cas de figure, nous allons devoir nous adapter au changement climatique « embarqué » : la hausse de la température mondiale planétaire (déjà de 0,85°C par rapport au siècle dernier) va continuer, et aura de fortes conséquences. Enfin, la communauté financière a pris récemment conscience des risques sur ses investissements, tant du fait de la tension sur les énergies fossiles que des impacts négatifs liés au dérèglement climatique. En synthèse, l'ensemble des acteurs économiques doit évaluer face à ce contexte ses risques (économiques, stratégiques et de réputation) et bien sûr ses opportunités, tant en termes de business que d'innovation. Le C3D a réalisé en son sein un questionnaire permettant dans une « fiche climat » de répertorier et mettre en valeur les actions et engagements de ses membres en matière d'atténuation du changement climatique, et Introduction du book Alain Grandjean 1 Issus d'un dialogue entretenu depuis 2013 entre les négociateurs de la COP et plusieurs dizaines de scientifiques, notamment membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), ces travaux sont présentés dans un rapport technique de la CC NUC de mai 2015. Voir http://unfccc.int/resource/docs/2015/sb/eng/inf01.pdf 2 5ème Rapport d'évaluation du GIEC, 2014 2 Source : Turn Down the Heat, rapport de la Banque mondiale, 2014; NCE, Catalyzing international cooperation for growth and climate action, 2015